Poésie : L’Hyper-duper
Il marchait droit devant, le regard vague et les bras ballants, comme une serpillière charriant derrière elle un nuage de poussière. La brume de ses soucis obstruait tout, à commencer par son champ de vision pour finir vers son avenir. Une tempête du désert, un paysage aride. Et au milieu, pour le garder à flot, l’oasis de son aigreur qui le tenait debout.
Les passants des alentours fuyaient l’orage de son être, si bien que sa solitude envahissait l’espace.
Et ce mannequin bringuebalant ondulait sur la route comme un bilboquet. Un pas après l’autre, il distordait l’asphalte dans sa démarche d’automate. Arpentant la vallée dérangeante de son existence, l’Hyper-duper n’allait nulle part, imitant en sa tête le mouvement de ceux qui suivent le droit chemin.
Mais il ne savait où partir, car sa boussole était brisée depuis longtemps. Comment ? Nul ne le sait, mais sa face morne hurlait un avertissement au monde, elle criait :
« Regarde comme le perdant est immonde ».
Elle riait à la face des bouddhistes, disait aux actifs que perdre le nord, c’était le meilleur moyen de trouver l’enfer.
Enfermé dans son trouble, l’Hyper-duper s’apparentait au miroir brisé de l’existence. Les étoiles dans sa vie prenaient des allures d’éclairs et sa présence même abîmait la tranquillité du voisinage.
L’Hyper-duper, c’était un avertissement, une mauvaise nouvelle… Un futur qu’on efface.
