Critique cinéma : « Les Hirondelles de Kaboul » la souffrance entre héroïsme et absurdité

À la fin du visionnage des Hirondelles de Kaboul, une douleur magnifique demeure. Le film d’animation est adapté du livre de Yasmina Khadra et se trouve réalisé par Zabou Breitman et Éléa Gobbé-Mévellec. Le scénario du roman est habilement réaménagé par les plumes de Zabou Breitman, Patricia Mortagne et Sébastien Tavel, ce qui lui insuffle une poésie toute cinématographique et permet la mise en scène de tableaux grandiloquents. L’une des grandes forces du métrage consiste à nous immerger dans le Kaboul dévasté par la guerre que dirigent les talibans.
Dans cette ville en ruine, deux hommes et deux femmes voient leurs destins se croiser. Le premier est un soldat vétéran qui travaille en tant que geôlier dans une prison pour femme. Son épouse est malade et n’en a plus pour longtemps. Le couple est éteint, droit, endurci par des années de malheur. Le mari enfouit en lui toute émotion, tandis que sa compagne affronte sa maladie tant bien que mal. Le deuxième duo agit comme un miroir. Plus jeunes, les deux amoureux sont pleins de vie, ils ont fait la fac et sont gorgés d’idéalisme. Mais leurs rêves construits dans une ville libre se heurtent au nouveau régime qui brime leurs corps et s’infiltre jusque dans leurs esprits, allant jusqu’à pervertir l’étincelle de leur jeunesse.
Les personnages sont profonds et bien écrits. L’animation aux traits souples et aux couleurs pastelles permettent de donner au drame une dimension poétique tout en magnifiant le propos. Un film incroyable écrit à l’encre de larme. À voir absolument.
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